Scène 167 – SALON/SALLE A MANGER APPARTEMENT d'EUROPE – INT/JOUR
Appartement d’EUROPE. Salon/Salle à manger. EUROPE a un combiné téléphonique à l’oreille.
EUROPE
Allô ! Vous êtes le responsable du Parc de l’Europe. Bonjour Monsieur. Je suis journaliste. J’enquête au sujet du taureau…
Scène 168 – PARC de L'EUROPE en LITUANIE – EXT/JOUR
Parc de l’EUROPE – Image d’un taureau blanc qui court, dans un parc, entre des sculptures contemporaines géantes : des faux troncs en acier, une tête de géant posée sur l’herbe, un labyrinthe confectionné avec de vieux postes de télé, un champignon géant, des arbres avec des visages en relief… Des touristes paniqués fuient l’animal. On en entend aucun son, aucune parole. Effet de ralenti. Musique étrange. Scène rêvée.
Scène 169 – SALON/SALLE A MANGER APPARTEMENT d'EUROPE – INT/JOUR
Appartement d’EUROPE. Salon/Salle à manger. Reprise de la SEQU. 167. EUROPE poursuit sa conversation téléphonique. Elle a un stylo à la main et un bloc-notes devant elle.
EUROPE
Et vous pouvez me donner le nom des victimes ? Trois touristes… Carl Soljeskov…
Alors qu’elle note les noms, l’image se brouille.
Scène 170 – CAMPUS – EXT/JOUR
Campus universitaire. Image brouillée, en raccord avec la SEQU. précédente. Reprise de la SEQU. 166. EUROPE, sur le banc, qui a la tête entre ses bras, redresse la tête. A cette instant, deux étudiantes passent devant le banc. Elle les reconnaît : ce sont l’ÉTUDIANTE AU GOBELET et l’ÉTUDIANTE À lA POCHETTE, qui, la première fois, leur avait parlé du taureau blanc. EUROPE quitte le banc et va à la rencontre des deux étudiantes.
EUROPE
Mesdemoiselles, s’il vous plaît…
(Les deux étudiantes se retournent).
Je ne sais pas si vous vous souvenez de moi. Vous étiez en train de parler d’un taureau, dans une corrida, au Portugal. Et je vous avais interrompues…
L’ETUDIANTE AU GOBELET
Oui. C’était à la cafétéria.
EUROPE
Figurez-vous que, moi-même, je suis l’affaire de ce taureau et, par d’autres sources d’informations, j’ai appris que son propriétaire voulait faire retourner l’animal dans son pays d’origine.
L’ÉTUDIANTE A LA POCHETTE
Vous vous intéressez aux taureaux ?
EUROPE
Disons… C’est aux victimes que je m’intéresse. Vous êtes au courant, qu’il y en a eu d’autres, ensuite, dans d’autres pays…
L’ETUDIANTE
Oui, en France et en Angleterre.
EUROPE
Mais pas seulement ! Il y a eu aussi des victimes au Danemark et en Suède. Et avant, en Espagne…
L’ÉTUDIANTE AU GOBELET (choquée)
C’est vrai ! Mais c’est atroce !
L’ÉTUDIANTE A LA POCHETTE
Des victimes du Danemark, j’en ai entendu parlé, moi aussi. Mais pas des autres.
(Elle regarde son amie).
Et pour l’Angleterre, je n’étais pas au courant.
EUROPE
Les dernières personnes victimes de cet animal, c’est en Lituanie et c’est tout récent. Le taureau était dans un parc. Des employés chargés de l’entretien du parc, l’ont laissé sortir par inadvertance. Les victimes sont trois touristes qui se promenaient…
L’ÉTUDIANTE AU GOBELET (la main sur le visage)
Pas possible !
L’ÉTUDIANTE À LA POCHETTE (sidérée)
Mais c’est dingue !
EUROPE
Oui, c’est très étrange. D’après vous, pourquoi ce taureau fait autant de victimes ?
L’ÉTUDIANTE AU GOBELET (avec un haussement d’épaules)
Mais bien sûr que ce n’est pas le taureau qui fait des victimes.
L’ÉTUDIANTE A LA POCHETTE
Ça évidemment… Personne ne peut soutenir une thèse pareille… On sait forcément que c’est quelqu’un…
L’ÉTUDIANTE AU GOBELET
Oui, c’est un serial killer, comme on dit. Il utilise le taureau comme une couverture…
L’ÉTUDIANTE A LA POCHETTE
Parce qu’il a un mode opératoire, comme tous les serial killer… Mais personne n’est dupe…
EUROPE (distante)
En effet, ce n’est pas crédible… Je voulais juste avoir votre avis. C’est gentil, à vous, de me l’avoir donné… Je vous remercie…
L’ÉTUDIANTE AU GOBELET
Alors, bonne enquête. Vous êtes de la police ?
EUROPE
Oh non, pas du tout. J’enseigne ici.
EUROPE adresse un sourire aux deux étudiantes. Les deux étudiantes s’éloignent.
Scène 171 – SALON/SALLE A MANGER APPARTEMENT d'EUROPE – INT/JOUR
Appartement d’EUROPE. Salon/salle à manger. Sur un mur du salon, six fiches punaisées, qui correspondent aux six pays qui recensent des victimes du taureau. EUROPE, une septième fiche à la main, s’approche du mur. Elle punaise la septième fiche.
EUROPE (A elle-même)
Et voilà, pour ce qui est de la Lituanie…
Elle recule, attrape une chaise de son salon, s’assoit de façon à être face aux sept fiches punaisées. Elle demeure immobile, avec un air réfléchi.
VOIX OFF de L’ÉTUDIANTE AU GOBELET
Mais bien sûr que ce n’est pas le taureau qui fait des victimes. C’est un serial killer, comme on dit. Il utilise le taureau comme une couverture…
VOIX OFF de L’ÉTUDIANTE A LA POCHETTE
Parce qu’il a un mode opératoire, comme tous les serial killer… Mais personne n’est dupe…
VOIX OFF de L’ÉTUDIANTE AU GOBELET
Vous êtes de la police ?
VOIX de PIERRE GERMONT
Et… n’oubliez pas la réunion du 5.
Scène 172 – ENTRÉE APPARTEMENT d'EUROPE INT/JOUR
Appartement d’EUROPE. Entrée. Près d’une clef suspendue, un éphéméride avec le chiffre 4. Le miroir de l’entrée se trouve à côté. EUROPE avance devant le miroir. Elle prend la clef suspendue et arrache la feuille de l’éphéméride. En dernier plan, le chiffre 5. Bruit de la porte d’entrée qui se referme.
Scène 173 – RUE DEVANT IMMEUBLE d'EUROPE – EXT/JOUR
Rue qui est devant l’immeuble d’EUROPE. EUROPE sort de l’immeuble et marche sur le trottoir selon son chemin habituel. Arrive la Limousine de MONSIEUR CASTILLON. EUROPE s’arrête et se retourne. La voiture arrive doucement à sa hauteur.
VOIX de MONSIEUR CASTILLON
Mademoiselle Spartanikès !
(EUROPE se retourne et remarque que la vitre teintée de la Limousine n’est qu’à moitié baissée, si bien qu’elle ne voit qu’un bout du crâne de son passager. / MONSIEUR CASTILLON s’énerve).
S’il vous plaît Victor ! La vitre ! Vous ne l’avez pas assez baissée… Mais bon sang, regardez un peu ce que vous faites !
(La vitre remonte).
Victor, vous m’agacez ! Vous…
(Une fois la vitre entièrement remontée, on n’entend plus le son de la voix de MONSIEUR CASTILLON. EUROPE retient un rire dans le creux de sa main. L’instant d’après, la vitre s’abaisse dans un coulissement normal.)
Excusez mon énervement, Mademoiselle… Mais voyez-vous, je me demande bien à quoi peut servir un véhicule hautement sécurisé avec un chauffeur aussi incompétent que celui-là !
EUROPE
A part ça, vous allez bien…
MONSIEUR CASTILLON
Non, parce que je n’ai plus de nouvelles de vous depuis un certain temps. Je me languis. Pourquoi ne répondez-vous plus à mes appels ? Moi qui serais prêt à décrocher la lune, pour vous ?
EUROPE
C’est vrai, je m’en excuse. Mais je crois qu’on est revenu au point de départ.
MONSIEUR CASTILLON
Comment ça, au point de départ ? Vous voulez dire que vous ne voulez plus de moi ?
EUROPE
Disons plutôt que je me désengage, car je n’arrive toujours pas à vous croire. Et je crains malheureusement qu’il n’y ait rien à faire pour cela.
MONSIEUR CASTILLON
Mais je vous ai apporté toutes les preuves possibles. Vos vœux ont été écoutés et appliqués à la lettre. Je vous ai mis dans vos mains, ce que vous m’avez demandé.
EUROPE
Peut-être. Mais le second défi, en fin de compte, n’était pas mieux choisi que le premier. J’ai encore avancé une proposition trop vite et sans réfléchir.
MONSIEUR CASTILLON
Et bien, si ça ne tient qu’à cela, prenez un peu de temps pour réfléchir et proposez-moi un troisième défi.
EUROPE
Oh non ! Je vous ai déjà tellement ennuyé avec ça. J’ai tellement honte de mon ingratitude…
MONSIEUR CASTILLON
Et bien, justement, un troisième défi pourrait arranger la situation.
EUROPE
Vous croyez vraiment que ça peut arranger ? Moi, je pense au contraire que ça risque d’aggraver…
MONSIEUR CASTILLON
Pas du tout. Car cette fois, c’est qui vous dis qu’il n’y aura pas une quatrième fois.
EUROPE
Mais vous n’avez pas peur que ma réaction soit la même pour le troisième défi ?
MONSIEUR CASTILLON
Comme vous le dites vous-même, vous devez prendre le temps de réfléchir…
EUROPE répond par un sourire un peu réservé.
EUROPE
Et le taureau ?
MONSIEUR CASTILLON
Il reviendra dans son pays d’origine, comme je vous l’ai dit.
EUROPE
Et là ? Où est-il ?
MONSIEUR CASTILLON
En Pologne. Mais cette fois, il est isolé. Il est dans un désert. Le désert de Bledow.
EUROPE
Et pourquoi est-il là ?
MONSIEUR CASTILLON
Il doit représenter la constellation du taureau. A côté, sur le sol, on reproduira la constellation, comme si l’espace du désert devenait celui du ciel. Et d’autres constellations seront ajoutées, à côté.
EUROPE
Et en quel honneur ?
MONSIEUR CASTILLON
Il s’agit de rendre hommage à Copernic.
EUROPE (avec un sentiment de lassitude)
Monsieur Castillon, vous savez très bien, comme moi, comment cette situation va se terminer, une fois de plus. La différence entre vous et moi, c’est que moi, je n’en peux plus… Je suis à bout, je vous assure !
MONSIEUR CASTILLON
Vous oubliez, Mademoiselle, que c’est moi qui viens vous voir pour vous proposer une nouvelle solution. Mais vous vous entêtez…
EUROPE
Mais d’abord, pour votre solution, il me faut une autre idée de défi, c’est ça ?
MONSIEUR CASTILLON
Oui, c’est ça ma belle Europe. Et vous verrez que je suis quelqu’un digne de confiance.
EUROPE laisse apparaître un sourire, cette fois plus affirmé.
EUROPE
Entendu. Je vais réfléchir à ce nouveau défi.
MONSIEUR CASTILLON sourit à son tour.
MONSIEUR CASTILLON
Alors, je ne vais vous faire perdre plus de votre temps.
(Il la salue à distance.)
A notre prochain rendez-vous, Mademoiselle…
EUROPE
Au-revoir, Monsieur Castillon.
MONSIEUR CASTILLON
Victor, vous pouvez remonter la vitre. Ne vous trompez pas, cette fois-ci
La vitre remonte doucement, tandis que la voiture s’éloigne.
VOIX d’une PASSANTE
Et bien, vous en avez de la chance, de fréquenter des gens comme ça !
EUROPE se retourne et reconnaît la personne.
EUROPE
Ah, bonjour Madame… vous êtes une voisine, je crois…
La PASSANTE
Oui, je suis dans votre immeuble. C’est quelqu’un de votre famille ?
EUROPE
Ah non, pas du tout !
La PASSANTE
Enfin, excusez-moi d’être indiscrète. C’est que la vie devient tellement difficile, en ce moment…
EUROPE
Oui, c’est vrai. La vie devient difficile.
Les deux femmes échangent un sourire et se séparent.
Scène 174 – HALL BÂTIMENT DE LINGUISTIQUE – INT/JOUR
Bâtiment de linguistique. Hall du rez-de-chaussée. EUROPE ouvre la porte d’entrée et, d’un pas rapide, traverse le hall en direction de l’ascenseur. Au même instant, une autre femme, entre par une autre entrée et se dirige dans la même direction. La femme est VERONIQUE COURVILLE, une enseignante ravissante, à la chevelure blond vénitien qui ondule jusque sur ses épaules. Le teint de son visage est légèrement halé. Elle est habillée avec goût et sa silhouette fine porte les vêtements avec élégance. Dans un plan d’ensemble en plongée, les deux femmes, qui sont seules dans le grand hall, convergent vers l’ascenseur. S’ensuit un gros plan où les mains des deux femmes tentent en même temps d’appuyer sur le bouton de l’ascenseur. Les deux mains se heurtent l’une à l’autre.
EUROPE
Oh, je suis vraiment désolée…
VERONIQUE COURVILLE
Vous allez peut-être à la réunion de prérentrée, vous aussi ?
EUROPE
Oui, tout à fait…
VERONIQUE COURVILLE (tend une main)
Enchantée, je suis Véronique Courville. J’enseigne la sociologie en même temps que la linguistique.
EUROPE (serre la main)
Enchantée, Europe Spartanikès.
VERONIQUE COURVILLE
Désolée, je n’ai pas le souvenir de vous avoir déjà vue.
EUROPE
C’est normal, c’est la première année que je suis là. Je suis Grecque et je suis arrivée ici au début de l’été.
VERONIQUE COURVILLE (appuie le bouton de l’ascenseur)
Vous avez déjà enseigné dans votre pays ?
EUROPE
Heu, non, pas vraiment… Je débute également dans l’enseignement tertiaire.
(Les portes de l’ascenseur s’ouvrent. / En se plaçant de côté)
Allez-y, je vous en prie.
VÉRONIQUE COURVILLE et EUROPE entrent dans l’ascenseur. Les portes de l’ascenseur se referment.
Scène 175 – SALLE de COURS AMÉNAGÉE en SALLE de RÉUNION – INT/JOUR
Salle de cours, aménagée pour la réunion de prérentrée. Deux longues rangées de tables, placées en U. Certaines personnes sont assises. D’autres, encore debout, discutent entre elles. Brouhaha. Parmi les personnes présentes : PIERRE GERMONT, JACQUES, MONSIEUR JOUBERT, MONSIEUR VERNEUIL… Dans un premier plan, l’intérieur de la pièce est visible à partir du cadre de la porte, qui est grande ouverte. Arrive VÉRONIQUE COURVILLE, suivie d’EUROPE. VERONIQUE COURVILLE fait le tour des tables, serre rapidement des mains et s’assoit, en face d’EUROPE qui prend une des premières chaises disponibles. EUROPE fixe la silhouette de VERONIQUE COURVILLE, tandis que celle-ci parle avec ses voisines de table, puis son regard se tourne et remarque PIERRE GERMONT, discutant avec JACQUES. Une autre enseignante, MADAME CARLINGTON, encore debout décide de prendre la parole publiquement.
MADAME CARLINGTON
Bien, il serait temps, je pense, que la réunion commence !
Le brouhaha s’atténue légèrement.
MADAME DURUIS, voisine de VERONIQUE COURVILLE, se lève pour prendre la parole à son tour.
MADAME DURUIS
Tout à fait d’accord, Madame Carlington. Mais il faudrait déjà que chacun prenne place.
MADAME CARLINGTON
Oui, sauf qu’il nous voir comment on se place. Car ensuite il faut qu’on réussisse à s’entendre…
VERONIQUE COURVILLE
Oh écoutez, chacun se place comme il veut. C’est beaucoup mieux comme ça.
Peu à peu, les enseignants se rapprochent des chaises. Certains prennent place.
MADAME CARLINGTON
Ce que je propose, c’est que Pierre et Jacques se mettent en bout de table. Ils ont des voix qui portent, ce serait beaucoup mieux…
JACQUES (qui interrompt sa conversation avec PIERRE GERMONT)
Si le Directeur du département ne voit pas d’inconvénient, je suis même d’accord pour commencer à lancer la première patate chaude.
Quelques rires. JACQUES prend une chaise de la table du bout et s’assoit.
MONSIEUR VERNEUIL
On n’établit pas un « ordre du jour » ?
PIERRE GERMONT (en s’approchant de sa chaise / à MONSIEUR VERNEUIL)
Ça ne sert à rien, il n’est jamais respecté.
(Peu à peu, chacun s’assoit, sauf PIERRE GERMONT / Le brouhaha continue).
Ça serait bien s’il y avait un peu de silence.
(Le brouhaha s’atténue / A MONSIEUR VERNEUIL).
J’ai quand même noté les points essentiels.
EUROPE fixe à nouveau VERONIQUE COURVILLE qui, à cet instant-là, décide de prendre la parole.
VERONIQUE COURVILLE
Moi, je ne suis pas d’accord pour laisser Jacques parler en premier. Parce que s’il commence à parler…
JACQUES (interrompant)
Qu’est-ce qui vous inquiète Madame Courville ? Mes coups de gueule ?
VERONIQUE COURVILLE
Non, pas du tout. Mais vous allez nous reparler une fois encore, j’en suis sûre, des problèmes de gaines à changer…
MONSIEUR VERNEUIL
Ah, les gaines !
S’ensuivent des clameurs et des rires.
VERONIQUE COURVILLE
Or ce sujet ne concerne pas tout le monde, mais seulement la Recherche…
JACQUES
Parce que vous croyez, Madame COURVILLE, que c’est un sujet où il faut se la fermer ?
MADAME DURUIS
Surtout, c’est un sujet qui est dépassé…
JACQUES
Que dites-vous, Madame Duruis ? Si vous pensez que le sujet est dépassé, alors je vous conseille, ce soir même, quand vous aurez à préparer le repas, de choisir entre l’éclairage de votre cuisine et l’utilisation de votre cuisinière. Et après ça, vous nous direz quel goût aura le potage…
Des rires.
MADAME DURUIS
Mais maintenant, il paraît que vous avez des tas de machines qui fonctionnent sans branchements, et même simplement avec l’éclairage artificiel, pour certaines…
JACQUES
Et l’éclairage artificiel, il arrive comment ?
MADAME DURUIS
J’en déduis simplement que si vous avez moins besoin de branchements, vos gaines elles vont être moins importantes…
JACQUES
Bravo Madame Duruis… C’est exactement avec des discours comme le vôtre qu’on arrive à l’incurie !
MADAME DURUIS
N’exagérez rien, Jacques. Mes discours, quels qu’ils soient, ne pourront rien changer au sort de vos gaines.
JACQUES (en levant les bras de dépit)
Et maintenant, il s’agit de mes gaines. Comme si le problème m’était personnel.
PIERRE GERMONT
Une nouvelle fois, j’aimerais qu’on revienne à un peu de calme.
PIERRE GERMONT tapote du stylo contre la table. Le silence se fait.
JACQUES
Mais c’est l’avenir de la recherche qui est en jeu, dans cette histoire… Pas le mien !
PIERRE GERMONT (en fixant Jacques)
Le conseil est valable pour toi également. Nous avons quand même besoin d’un peu de sérénité, si nous voulons avancer, dans un domaine où un autre.
(JACQUES se garde de parler à nouveau).
Bien…
(Il s’assoit)
Moi, ce que je propose, c’est de commencer par le plus simple, c’est-à-dire le choix des salles…
EUROPE fixe à nouveau VERONIQUE COURVILLE. Le son est interrompu. Musique. Tour à tour, les personnages s’expriment avec d’importantes gestuelles. Certains ont des tics d’agacement. D’autres bâillent et montrent des signes de fatigues. PIERRE GERMONT regarde sa montre. La musique s’interrompt. Le son revient.
PIERRE GERMONT
Bon, l’essentiel a été dit, il me semble. Et on a déjà passé pas mal de temps à discuter. Je crois qu’il serait raisonnable de s’arrêter là. A moins que quelqu’un y voit un inconvénient…
VOIX d’un des ENSEIGNANTS : Non, non… il n’y a aucun inconvénient à clore…
Soudain vacarme de chaises avec un nouveau brouhaha. EUROPE quitte sa place en même temps que les autres. Elle attend que PIERRE GERMONT la rejoigne. Elle ne remarque pas que MONSIEUR JOUBERT s’approche d’elle.
MONSIEUR JOUBERT
Mademoiselle…
(Elle sursaute)
J’aimerais bien vous présenter à une de mes collègues, Madame Carlington, enseignante en littérature appliquée.
(Il la prend par le bras pour la conduire vers l’enseignante / Il appelle).
Madame Carlington ! Venez… que je vous présente l’assistante de Monsieur Germont.
(MADAME CARLINGTON s’avance vers eux).
Mademoiselle SPARTANIKÈS, qui est arrivée de Grèce un peu avant les vacances est native d’Athènes.
MADAME CARLINGTON
Pour nous, c’est une ville mythique. Il n’y a pas si longtemps, l’apprentissage du grec était obligatoire pour tous les enseignants. Quand ils l’ont supprimé, ainsi que le latin et l’enseignement des humanités, dans les collèges et les lycées, tout s’est effondré…
Tout en faisant l’effort d’écouter, EUROPE oriente son regard vers PIERRE GERMONT. Elle remarque alors que VÉRONIQUE COURVILLE s’approche du professeur de façon très familière.
VÉRONIQUE COURVILLE
Alors, Pierre ! Comment vas-tu ?
Le trouble s’affiche sur le visage d’EUROPE.
MONSIEUR JOUBERT (à MADAME CARLINGTON)
Le modèle classique a commencé à s’effriter dès le milieu du XIXème siècle.
MADAME CARLINGTON
Oui, c’est normal. Avant cette époque, on avait encore peur de revenir au modèle du Moyen-Âge. Mais avec le développement des sciences et des technologies, cette hantise a disparu et du coup, le modèle classique est apparu comme inutile.
EUROPE (maladroite)
Oui, et sans doute est-il vraiment devenu inutile, car il s’est beaucoup trop éloigné du modèle d’origine.
(Remarquant le silence de ses interlocuteurs, elle essaye de se rattraper).
Je ne veux pas dire qu’il ne faut plus l’enseigner, mais au contraire, il faudrait selon moi, l’enseigner dès la maternelle, comme ça, on n’aurait plus à chercher les origines de la civilisation dans les vestiges d’Athènes.
(Elle regarde à nouveau en direction de PIERRE GERMONT, puis fait mine de regarder l’heure).
Excusez-moi, il me faut y aller.
EUROPE se retourne et se dirige précipitamment vers la sortie.
Scène 176 – COULOIR de la SALLE de RÉUNION – INT/JOUR
Couloir de la salle de réunion. EUROPE avance chancelante dans le couloir. Elle ouvre la porte d’une autre salle de cours, qui est vide et s’y engouffre aussitôt.
Scène 177 – SALLE de COURS VIDE – INT/JOUR
Salle de cours. EUROPE arrive dans la salle et se plaque contre un mur. Elle pousse un soupir. Elle remarque la vitre en face. Elle s’avance vers la vitre pour regarder le paysage. Bruit d’un grincement de porte. Elle se retourne dans un sursaut. Dans l’ouverture du battant, elle aperçoit PIERRE GERMONT.
PIERRE GERMONT
Alors, on se sauve ?
EUROPE regarde à nouveau la vitre.
EUROPE
Je ne voulais pas vous déranger. Vous étiez en train de discuter avec une de vos collègues.
PIERRE GERMONT (en repoussant le battant dans son dos)
Faut-il que je vienne vous retirer les épines que vous avez dans le cœur, chaque fois que je me mets à bavarder avec une jolie femme ?
(Il s’approche de son assistante.)
Véronique est une amie de longue date. Même ma femme la connaît.
EUROPE se retourne et attarde son regard sur le visage du professeur.
EUROPE
Vous avez remarqué ?
PIERRE GERMONT
Votre jalousie ? S’il n’y avait que moi.
EUROPE
Vous voulez dire que les autres aussi ?
PIERRE GERMONT
Oui. Tout le monde…
EUROPE (accablée et honteuse)
Oh, mon dieu !
PIERRE GERMONT (en s’approchant à son tour de la fenêtre pour regarder le paysage)
Le problème de l’enseignement supérieur est qu’on y trouve pas mal de gens perspicaces. Même si l’endroit a aussi son lot d’abrutis…
EUROPE
Et c’est très certainement à ce lot que je dois, maintenant, appartenir.
PIERRE GERMONT
Certainement pas, parce que sinon, je ne vous aurais pas choisie comme assistante.
EUROPE (répète dans un soupir)
Oui, comme assistante.
PIERRE GERMONT se tourne vers elle et pose une main sur son épaule afin que son regard rencontre le sien.
PIERRE GERMONT
Pensez-vous que si je devenais votre amant, vous seriez moins méfiante ?
EUROPE
Oh, mais vous ne comprenez pas… Il y a des rêves qui sont tenaces. On a beau se raisonner. Rien n’y fait…
PIERRE GERMONT
Et votre projet de noces ?
EUROPE
De fiançailles, vous voulez dire…
PIERRE GERMONT
D’accord, ce sont des fiançailles. Ne brûlons pas les étapes…
EUROPE (en abaissant le regard)
Oh, qu’importe de toute façon, ce n’est plus au programme.
PIERRE GERMONT
Pour lui également ?
EUROPE
Ça, je n’en sais rien. Mais en tout cas je lui ai déjà fait comprendre que mon cœur n’est pas libre. Seulement, il essaye de me convaincre qu’il est capable de prodiges. Il m’embrouille avec ses prétentions.
PIERRE GERMONT
Et à cause de ce qu’il vous affirme, vous restez hésitante. C’est ça ?
EUROPE
Oui, c’est ça. Et j’ai aussi agi avec l’énergie du désespoir. Parce que malgré mes sentiments pour vous, vous m’avez fait comprendre que je ne serai jamais quelqu’un d’autre que votre assistante.
PIERRE GERMONT
Je vous ai dit simplement que je ne voulais pas abuser de ma position. Si un jour, vous deviez devenir ma maîtresse, alors dans ce cas, vous ne serez plus mon assistante.
EUROPE
Parce que vous pensez que mon poste d’assistante est forcément le plus important des deux ?
PIERRE GERMONT
Vous allez bientôt enseigner comme maître de conférence. Sans vouloir jouer avec les mots, vous n’allez pas tout gâcher et renoncer à votre poste de maître, pour devenir ma maîtresse.
EUROPE
J’en serais bien capable.
PIERRE GERMONT
Mais moi je n’y tiens pas.
(Il s’éloigne de son interlocutrice).
De plus, je pense que vous ne pourrez pas vous défaire comme ça de vos promesses d’engagement à des fiançailles avec votre Monsieur Tatillon.
EUROPE (en riant)
Castillon !
PIERRE GERMONT
Parce que votre Monsieur Tatillon ne va pas vouloir renoncer, lui. A la limite, il s’en fiche de savoir ce que sont vos sentiments. Il veut avoir Europe pour lui. Et il va tout entreprendre pour ça. Surtout que vous lui en avez donné l’espoir.
EUROPE
Vous avez raison, c’est bien possible.
PIERRE GERMONT
C’est bien possible et il est même pratiquement certain qu’il vous fait surveiller.
EUROPE (surprise)
Vous croyez ?
PIERRE GERMONT
C’est tout à fait le style de ces gens-là de dépenser des fortunes dans des détectives privés.
EUROPE
Je ne peux pas nier. C’est en effet dans son style. Mais alors, s’il se permet d’agir ainsi…
PIERRE GERMONT
S’il se permet d’agir ainsi, vous ne pourrez pas faire grand-chose contre lui.
EUROPE
Mais cela peut vouloir dire que vous risquez, vous aussi, d’être impliqué. S’il apprend que nous sommes souvent ensemble…
PIERRE GERMONT (en regardant son interlocutrice)
Mais vous ne vous souvenez pas qu’avant les vacances, je vous avais fait une proposition ?
EUROPE
Oui, de le rencontrer.
(Elle joint ses mains dans un geste aussi machinal que nerveux et tord ses doigts).
Pour être franche avec vous, cette solution me fait peur, mais de loin, je pense que cette confrontation est ce qu’il y a de mieux à faire…
PIERRE GERMONT
Moi aussi, mais je voudrais quand même savoir ce que vous en attendez.
EUROPE
Et bien, au moins, j’aimerais obtenir des preuves plus concrètes sur les faits divers commis par ce taureau. Car toutes les informations que j’obtiens sont floues. Par exemple, on ne me présente jamais d’images où il charge.
PIERRE GERMONT
C’est normal. C’est pour ne pas choquer.
EUROPE
De plus, les seules images qui le présentent, ne sont pas authentiques.
PIERRE GERMONT
Comment ça ?
EUROPE
Pendant votre absence, Nakissa m’a laissé visionner une vidéo de reportage au Centre de Recherche. Je l’ai regardée en détail et j’ai remarqué que sur le sol, les ombres portaient sur différents endroits.
PIERRE GERMONT
Ce qui voulait dire qu’il y avait des projecteurs.
EUROPE
Oui, c’était un extrait de film. Et très certainement s’agissait-il d’un extrait de la fiction du producteur anglais. Mais celui-ci est passé comme un vrai reportage.
PIERRE GERMONT
Alors là, si vous saviez ! C’est très courant de tricher avec l’image dans les reportages d’actualité.
EUROPE
C’est possible, mais moi, en attendant, je ne peux pas me faire une idée précise. C’est comme avec les blessés. J’aurais bien aimé pouvoir parler avec des rescapés de ce t aureau, mais je n’ai pas pu les rencontrer.
PIERRE GERMONT
Là aussi, c’est normal. Ce taureau est ce qu’on appelle « un meurtrier ». Il a généralement tendance à s’acharner sur ses victimes et c’est pour ça qu’il y a peu de rescapés.
EUROPE
Oui, mais dans ce cas, pourquoi n’ai-je pas pu voir, non plus, des familles de victimes ?
PIERRE GERMONT (dans un soupir)
Je comprends votre désarroi. Vous êtes surtout affectée à l’idée que ce taureau soit un tueur, car c’est le beau et sémillant taureau du mythe d’Europe. Votre travail d’investigation serait pour vous un espoir de lui redonner une virginité dans les actes. Cependant, les faits sont là…
EUROPE
Non. Je n’ai pas de preuves véritables ! Rien ne me prouve que c’est le taureau qui a tué ! Peut-être que le véritable tueur n’est pas un taureau, mais une personne, qui se sert de cet animal pour masquer ses crimes et ne pas être inquiété. Monsieur Germont, nous ne sommes que trois à défendre l’hypothèse du taureau tueur : moi, Monsieur Castillon et vous-même. Pour moi, ça va de soi. Pour Monsieur Castillon, je comprends. Mais vous ?
PIERRE GERMONT
La raison est simple. Vous savez bien que j’ai déjà pu voir ce taureau de près.
EUROPE
Oui, je sais. Et qu’est-ce que ça explique ?
PIERRE GERMONT
Et bien, dans ce que je vous ai raconté, il y a un détail, un peu macabre, que je n’ai pas tenu à vous préciser. Ce taureau avait du sang séché au bout des cornes.
EUROPE
Vous êtes sûr ?…
PIERRE GERMONT
Non, je ne suis pas sûr. Je n’ai pas fait analyser les taches pour savoir s’il s’agissait vraiment de sang humain. Et même si je l’avais fait, rien ne prouve que ce sang n’a pas été rajouté par la suite… Mais ce détail me fait fortement supposer qu’il n’y a pas eu de mises en scène et que les victimes, certaines du moins, ont reçu des coups de cornes qui leur ont été fatal…
EUROPE
Je comprends…
PIERRE GERMONT
Maintenant, j’aimerais savoir si un éclaircissement dans l’enquête est le seul point que vous voulez me voir aborder avec cet ostrogoth en Limousine.
EUROPE (hésitante)
C’est à dire que… je ne sais pas trop ce que vous êtes capable d’obtenir. Mon souhait le plus important serait bien sûr qu’on réussisse à neutraliser le taureau. Mais lui prétend qu’il n’en est pas capable.
PIERRE GERMONT
Je veux bien essayer de le forcer à neutraliser ce taureau, mais alors il y a un autre point sur lequel j’aimerais bien intervenir.
EUROPE
Lequel ?
PIERRE GERMONT
Avec votre accord, qu’il renonce définitivement à son projet de fiançailles avec vous.
EUROPE, embarrassée, se retourne, va vers la fenêtre, attarde une fois encore son regard sur le paysage. Elle se tourne à nouveau vers le professeur.
EUROPE
C’est une décision qui n’est pas facile, mais j’accepte…
(Elle se reprend).
Seulement…
PIERRE GERMONT
Seulement quoi ?
EUROPE
Vous ne comprenez pas. C’est alors de votre côté que je vais vouloir espérer…
PIERRE GERMONT (pose une main sur son épaule et s’approche de son oreille)
Je vais vous faire une confidence. Moi aussi, j’espère… Mais je ne suis pas sûr que vous saurez être assez patiente…
(Il se redresse).
Mais maintenant il nous faut sortir d’ici, car sinon ça va encore jaser.
Scène 178 – DÉSERT DE BLEDOW en POLOGNE – EXT/JOUR
Désert de Bledow. Tempête de sable. Le sable recouvre des alignements d’étoiles, représentant des constellations. Le vent plie une clôture, qui est en même temps recouverte par le sable. Des fétus de paille sont emportés. Les pattes du taureau marchant dans le sable alors que la tempête continue. Les traces de pas sont aussitôt effacées.
VOIX OFF d’un POLONAIS (qui parle en français, avec un accent)
Le taureau a disparu. Évaporé dans la tempête. Des hommes sont partis à sa recherche, mais sans résultat. Des jours se sont écoulés, puis une semaine. On a fini par penser qu’il n’avait pas échappé au désert et que son cadavre devait être enseveli sous une épaisseur de sable. Mais deux semaines plus tard, il est réapparu à un endroit auquel on ne s’attendait pas du tout.
Scène 179 – CAMP de CONCENTRATION – EXT/JOUR
Camp d’extermination de l’époque nazi. Des bâtiments lugubres aux murs humides, avec de l’eau qui goutte d’un plafond. Effet d’écho. Le camp est entouré d’une enceinte, avec des barbelés et miradors au milieu d’une morne plaine… Les vues coïncident avec le commentaire.
VOIX OFF d’un POLONAIS (qui parle en français, avec un accent)
Vous devriez voir à quoi ça ressemble, ce camp de la mort. Quand vous arrivez à l’intérieur, vous avez l’impression que les ombres s’élargissent. C’est l’effroi qui vient tout envahir. Une seule teinte domine : le noir. Car la couleur y est absente. La terreur suinte sur les murs. L’air y est suffocant, car on n’y respire rien d’autre que la mort. Ce jour-là un groupe de touristes était venu visiter le lieu…
Dans un plan d’ensemble, un groupe de touristes visitant le camp, sous les nuages bas d’un ciel de pluie. Certains ont ouvert des parapluies. Les parapluies ont des couleurs vives.
VOIX OFF d’un POLONAIS (qui parle en français, avec un accent)
Un plafond de nuage bas occultait le ciel. Il pleuvait… Le groupe de touristes a avancé vers le milieu du camp, entre des baraquements en bois et c’est là que…
Surgissant de l’ombre, le taureau d’Europe fonce vers le groupe de touristes. Des cris. Mouvement confus d’images vacillantes. Des parapluies ouverts qui roulent sur le sol. Nouveau bruit de goutte à goutte, provenant d’un toit.
Scène 180 – SALON/SALLE A MANGER APPARTEMENT d'EUROPE – INT/JOUR
Appartement d’EUROPE. Salon/salle à manger. EUROPE, assise à la table est attentive à la voix, qui vient d’une pièce voisine. Sur un angle de la table, une tasse de café. Bruit d’un goutte à goutte.
VOIX OFF d’un POLONAIS (qui parle en français, avec un accent)
Il y a des commémorations qu’on n’imagine pas. Deux jeunes touristes ont été tués. Ils sont morts de mort violente à l’endroit même où ont été massacrés quelques-uns de leurs ancêtres. L’homme oublie vite, mais la mémoire de l’histoire n’oublie jamais.
EUROPE
C’est quand même dommage que ce soient eux qui soient morts.
VOIX OFF d’un POLONAIS (qui parle en français, avec un accent)
Oui. Il aurait mieux fallu que ce soient des nazis. C’est bientôt fini…
Scène 181 – CUISINE APPARTEMENT d'EUROPE – INT/JOUR
Appartement d’EUROPE. Cuisine. En gros plan, sous l’évier, le tuyau du siphon qui goutte au-dessus d’une bassine. Une tenaille s’approche et resserre un collier. Le siphon arrête de goutter. Dans un plan moyen, Le POLONAIS (un plombier), sort sa tête du dessous de l’évier. L’eau coule doucement du robinet.
Le POLONAIS
C’est bon Madame. Votre évier est débouché.
Il inspecte un moment l’écoulement dans la cuve de l’évier et arrête le robinet.
VOIX d’EUROPE
Je vous dois combien ?
Le POLONAIS (qui parle en français, avec un accent)
Ça fera 45 euros 20, TTC. Pièces, main d’œuvre et déplacement.
Le plombier range ses outils dans une mallette.